Ah, les torsades ! Ce moyen si fantastique d’ajouter de la texture et de l’élégance dans tes projets, que ce soit pour de simples guêtres, des chaussettes ou de sublimes pulls au style irlandais… Pourtant, tu n'as jamais osé te lancer, par crainte de la difficulté. Car oui, à les regarder, cela semble très technique. Dans cet article, nous allons déconstruire cette croyance en t'expliquant pas à pas en quoi consistent les torsades. Et crois-moi, il n’y a rien de plus à faire que de glisser et mettre en attente quelques mailles.

Tout d’abord, un peu d’histoire

Les motifs de torsades en tricot sont un exemple de la manière dont différentes cultures ont développé des traditions artisanales uniques en utilisant des techniques similaires pour créer des vêtements et des articles textiles significatifs. Chacune de ces cultures a ses propres variations et significations associées aux motifs de torsades, contribuant ainsi à la richesse et à la diversité du monde du tricot.

Les plus connues sont les torsades irlandaises également connues sous le nom de "Aran stitches," qui sont bien plus que de simples motifs décoratifs sur les pulls traditionnels d'Irlande. Chaque torsade a une signification unique qui remonte à des siècles d'histoire celtique. Par exemple, la torsade en forme de corde symbolise l'unité familiale, tandis que la torsade en forme de diamant représente la richesse et la prospérité. Les entrelacs complexes reflètent le lien entre l'homme et la nature, tandis que les motifs en épi de blé sont un hommage à la récolte abondante. Les tricoteur·ses irlandais·es ont transmis ces motifs de génération en génération, créant ainsi des pièces uniques et significatives qui racontent l'histoire de leur culture et de leurs racines. Ainsi, chaque torsade tricotée est bien plus qu'une simple technique artisanale ; c'est une fenêtre ouverte sur l'âme irlandaise et son riche héritage !

Bien que les torsades irlandaises soient particulièrement célèbres, elles ne sont pas limitées à cette seule culture. De nombreux autres pays et cultures ont également incorporé des motifs de torsades dans leurs traditions comme l’Écosse, le Pays de Galle ou l’Angleterre, mais aussi les pays scandinaves comme la Norvège ou l’Islande.

Le sens et la symbolique des ces torsades se sont dilués dans le temps mais rien ne nous empêche de nous amuser avec leurs circonvolutions pour apporter de la fantaisie et de la personnalité à nos créations …

Alors c’est parti pour un petit tour d’horizon en te donnant les bases et les astuces pour te lancer dans cette technique passionnante, qui permet d’obtenir des ouvrages exceptionnels tant par les motifs que par les textures, parfaite pour réaliser de petits accessoires (idéal pour commencer) ou des vêtements entiers.

Matériel nécessaire

• Des aiguilles à tricoter de la taille appropriée pour ton fil.
• Du fil à tricoter adapté au modèle de ton choix.
• Une aiguille à torsades, également dite « auxiliaire » ou un câble à torsades, qui facilite le processus. Nous te donnerons même des astuces pour utiliser des objets du quotidien qui feront également l’affaire !

Nous sommes nombreux et nombreuses à tricoter en dehors de la maison. Nous emportons notre sac à projet dans la voiture, en salle d’attente, dans le train, au parc, en terrasse. Le meilleur moyen de ne pas perdre cette petite aiguille baladeuse est de l’insérer entre les mailles du tissu de ton ouvrage.

Si toutefois tu venais à perdre cette aiguille à torsades, ne t'inquiète pas. Ton marqueur de rang de type mousqueton est un allié fidèle. Accroché à ton tricot lorsque tu tricotes entre les rangs de torsades, tu peux le décrocher et l’utiliser pour mettre en attente tes mailles sur le rang de torsades. Il existe aussi plein d’objets qui pourront remplacer ton aiguille auxiliaire en cas de perte : un cure-dent, une épingle à nourrice, une épingle à cheveux… C’est tout aussi facile à utiliser qu’une aiguille à torsades, et tu obtiendras le même résultat !

Sache que certaines tricoteuses n’utilisent même aucun outil pour mettre leurs mailles en attente ! Même pas peur ! Les mailles que tu glisses sont lâches quelques secondes avant d’être reprises … Et ça, tu en seras assurément capable un jour … J’en suis sûre !

Oser se lancer

Principe des torsades

La peur de se lancer dans les torsades réside dans la découverte de diagrammes et codes inconnus dans un patron. Mais crois-moi, tout te sera plus simple avec les explications suivantes.

Les torsades sont créées en croisant les brins de laine pour former des motifs en relief. Des mailles sont mises en attente sur une aiguille auxiliaire (privilégie un diamètre d’un mm de moins que la taille d’aiguilles employée pour l’ouvrage), placée à l’avant ou l’arrière de l’ouvrage pour obtenir un croisement vers la gauche ou vers la droite, respectivement. Ces torsades peuvent se faire sur une largeur de 2, 4, 6, 8 voire plus de mailles. Le croisement de mailles resserrant le tissu, il est préconisé de ne pas dépasser les 8 mailles de largeur.

Comprendre les abréviations

Par convention, nous utilisons des abréviations anglo-saxonnes pour les torsades. On lira CXB ou CXF :

• C signifie « cable » en anglais, qui signifie torsade.
• X est la largeur de la torsade en nombre de mailles. Ce nombre est à diviser par deux pour avoir le nombre de mailles à mettre en attente sur l’aiguille auxiliaire.
• B : pour « back » en anglais, indique que l’aiguille auxiliaire doit être placée à l’arrière du tricot
• F : pour « front » en anglais, indique que l’aiguille auxiliaire doit être placée à l’avant du tricot

Voici quelques exemples pour comprendre, avec les représentations sur diagramme correspondants :

C4B

« Cable 4 back » : tu vas glisser 2 mailles sur l’aiguille auxiliaire comme pour les tricoter une à une à l’envers, place cette aiguille à l’arrière de l’ouvrage et tricote 2 mailles à l’endroit. Replace les 3 mailles de l’aiguille à torsades sur l’aiguille droite sans changer leur orientation et tricote-les normalement à l’endroit. Tu obtiendras une torsade sur 4 mailles avec un croisement orienté vers la droite.

C4F

« Cable 4 front » : tu vas mettre en attente 2 mailles sur l’aiguille auxiliaire (comme pour les tricoter à l’endroit, une à une), placer l’aiguille à l’avant et tricoter à l’endroit 2 mailles. Replace les 2 mailles en attente sur l’aiguille droite et tricote-les à l’endroit. Tu obtiendras une torsade sur 4 mailles avec un croisement orienté vers la gauche.

Ainsi, tu auras différents types de torsades : C2B/C2F sur 2 mailles, C4B/C4F sur 4 mailles, C6B/C6F sur 6 mailles, etc. Il existe même des torsades sur un nombre impair de mailles, mais c’est habituellement bien expliqué sur les diagrammes.

Comprendre les diagrammes

Souvent, ce qui freine les tricoteurs et tricoteuses dans cette technique, c’est le diagramme. Pourtant, une fois que tu as tricoté quelques torsades, la compréhension de ceux-ci est plutôt simple. Chaque symbole sur le diagramme représente une action à effectuer avec tes aiguilles et tes mailles. Les flèches indiquent généralement la direction de la torsade, à savoir :

• Une flèche pointant vers la droite signifie que tu croises les mailles vers la droite en plaçant l’aiguille auxiliaire à l’arrière de l’ouvrage (« back »).
• Tandis qu'une flèche pointant vers la gauche indique une torsade vers la gauche en plaçant l’aiguille auxiliaire à l’avant de l’ouvrage (« front »).

Ne jamais perdre le fil

Une autre difficulté réside dans la lecture de ton tricot afin de définir le nombre de rangs que tu as tricotés entre deux rangs de torsades. Cela peut en effet être flou lorsque l’on débute (et même lorsque l’on est expérimenté·e, moi-même je doute encore tous les jours …). Mais en tricot, rien n’est impossible et nous, les tricoteurs et tricoteuses, avons la chance d’avoir un tas d’outils pour nous repérer. Dans ce cas précis, il s’agit tout simplement d’un marqueur de progression (que l’on appelle aussi « progress keeper »). Une simple petite épingle de type ampoule fera également l’affaire.

Utilise ce marqueur pour repérer le rang sur lequel tu as effectué les torsades et ainsi compter le nombre de rangs tricotés ensuite et être prêt·e pour le prochain rang de torsades. Selon les modèles et les torsades, il peut s’agir d’un seul rang, 2, 3, 4 … Tout sera expliqué dans ton patron. Moins tu tricotes de rangs entre deux rangs de torsades, plus elles seront serrées.

Conseils pour débuter

L’idéal est de t’entraîner sur une écharpe ou un snood pour ne pas avoir à gérer augmentations ou diminutions et ainsi rester concentré·e sur tes torsades ! En détail fantaisie ou en all-over, tu vas adorer t’emmitoufler dans ces écharpes oversize bien denses et chaudes avec leurs torsades ! D’autres projets très accessibles sont les chaussettes, si tu as déjà l’habitude d’en tricoter (attention toutefois à tricoter la taille au dessus de celle que tu tricotes habituellement, car les torsades resserrent drastiquement le tissu !).

Mon conseil pour ne pas trop resserrer le tissu : ne tire pas sur le fil lorsque tu tricotes les mailles après avoir mis celles en attente ! Laisse un peu de jeu dans ton fil, inutile de serrer, cela ne fera que tirer sur tes torsades ! Détends-toi, reste lâche, et tout se passera très bien ! Promis !

J’espère que cet article t’aura convaincu·e de te lancer dans les torsades, si tu n’as encore jamais te lancer. C’est une technique qui peut faire peur aux débutant·es, mais si satisfaisante une fois qu’on la maîtrise ! Que ce soit pour des pulls, des écharpes, des chaussettes ou même des châles ! Alors à tes aiguilles et dis-nous en commentaires si tu as osé te lancer !

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