Ces derniers mois, j'ai fait la découverte des laines 100% naturelles et locales, provenant directement de moutons élevés en France ou en Europe, comme le Mérinos d'Arles ou la race Ile-de-France. Au premier toucher, elles peuvent sembler un peu moins douces que les laines industrielles, mais elles offrent une multitude d'avantages que peu de gens connaissent. Dans cet article, je vais te dévoiler pourquoi les fils à tricoter en laine naturelle sont devenus mes véritables chouchous.
Nous verrons ensemble pourquoi les pelotes de laine naturelles, souvent biologiques et teintes de manière éco-responsable, offrent un rapport qualité-prix exceptionnel, tout en étant un véritable plaisir à tricoter.

La laine, c'est quoi ?

D’où vient-elle ?

La laine est une fibre naturelle principalement issue de la toison des moutons. Utilisée depuis des millénaires, cette matière est prisée pour ses qualités thermiques, sa durabilité, et sa douceur, qui varient selon la race du mouton et les méthodes de traitement. Mais le terme "laine" désigne-t-il aussi d’autres fibres animales ?

Laine, fibres, yarn, wool ... On fait le point !

Dans le monde des matières naturelles, il peut être facile de se perdre entre les termes techniques et les différents types de fibres. Faisons le point sur les principaux mots et leur signification en français et en anglais.

• Laine : en français, "laine" désigne la fibre naturelle provenant principalement des moutons. Elle est prisée pour sa chaleur, sa respirabilité et son élasticité naturelles. En anglais, le terme équivalent est wool.
• Fibres : Le terme "fibre" est un terme générique pour désigner toute matière naturelle (d’origine animale, végétale, etc.) pouvant être filée en fil. Par exemple, la laine, le coton et le lin sont tous des fibres. en anglais, on utilise aussi fiber.
• Yarn : il s’agit du fil à tricoter, créé par le filage de fibres (laine, coton, alpaga, etc.). En français, on l’appelle souvent "fil", bien qu’on puisse aussi trouver "yarn" dans le jargon des passionnés de tricot.
• Wool : en anglais, "wool" désigne la laine de mouton, mais parfois aussi d'autres fibres animales comme le cachemire ou le mohair, qu’on précise en ajoutant leur nom (par exemple, cashmere wool pour la laine de cachemire). Attention, donc, car en anglais, "wool" n’est pas strictement limité à la laine de mouton.

En bref, "yarn" est le produit final prêt à être tricoté, et il peut être composé de diverses fibres comme la laine (wool), le coton, ou le lin.

Le mouton, un patrimoine à protéger !

Les races françaises

A l'instar des races bovines, l'agriculture intensive a contribué à l'appauvrissement de la diversité des races ovines. De plus, la valorisation des toisons de mouton a fini par être écartée par les éleveurs, par manque d'infrastructures, un prix d'achat moindre (avoisinant le zéro parfois, selon le cours de la laine !) et une meilleure rentabilité pour la vente d'agneaux à viande.

Ainsi, de nombreuses races de mouton sont en voie de disparition. Mais certains éleveurs contribuent à leur maintien, voire leur réhabilitation dans leurs régions d'origine ! Je ne vais pas vous faire une liste exhaustive des races, mais en voici quelques unes :

• Mérinos d'Arles : renommée pour la finesse de sa laine, qui est douce et idéale pour les vêtements portés à même la peau. Originaire de la région méditerranéenne, elle est prisée pour ses propriétés isolantes. J'adore la Ulysse de Dererum Natura, par exemple.
• Mouton Ile-de-France : plus rustique, elle est élevée dans le nord de la France. Sa laine est moins douce que celle du Mérinos, mais elle offre une bonne isolation thermique et une durabilité intéressante, idéale pour des vêtements d’extérieur. Je l'ai notamment trouvée chez Ardelaine.
• Bizet : originaire du Massif Central, le mouton Bizet produit une laine robuste, appréciée pour sa résistance. Bien que moins fine que d’autres, elle est adaptée aux vêtements et accessoires nécessitant une certaine solidité. On en trouve chez Longomaï par exemple;
• Est à laine Mérinos : l’une des plus anciennes races de moutons en France, développée dans la région de l’Est, notamment en Champagne et en Lorraine. Elle est issue de croisements historiques avec des Mérinos espagnols au XVIIIe siècle. On la trouve notamment revalorisée pour la production des écheveaux de la marque Pérégrine (on en parle ici !), ou chez Fleurs de Laine.

D'autres races dans nos merceries

En plus des races françaises, certaines toisons de moutons étrangers, aux caractéristiques tout aussi intéressantes, se retrouvent également dans nos merceries. Voici quelques exemples :

• Corriedale : originaire de Nouvelle-Zélande et d'Australie, le Corriedale est issu d’un croisement entre le Mérinos et le Lincoln. Sa laine est douce, avec une belle résilience et un gonflant naturel, ce qui la rend idéale pour des vêtements confortables et chauds. On en trouve notamment chez l'Echeveau Solidaire, je la recommande particulièrement pour les jacquard ou même à associer avec un mohair et soie pour un pull très chaud (mais pas trop).
• Bluefaced Leicester : ce mouton britannique produit une laine fine, douce et brillante, très prisée des tricoteurs. La fibre est plus longue, ce qui lui confère une excellente solidité. Souvent notée BFL, je l'adore particulièrement pour les chaussettes (dans ce cas, 15-20% de nylon ou polyester sont ajoutés), car bien plus solide que le Mérinos.
• Falklands : les moutons des îles Falkland, en Atlantique Sud, vivent dans un environnement pur et isolé, offrant une laine naturellement blanche, sans décoloration ni impuretés.
• Îles Féroé : la laine des moutons des îles Féroé est réputée pour sa robustesse. Adaptée aux climats rigoureux, elle est isolante et résistante, idéale pour les pulls d’extérieur et les vêtements qui doivent affronter le froid. On la trouve souvent dans des teintes naturelles ou légèrement teintées, parfaites pour des créations d’inspiration nordique.

Ces races internationales viennent enrichir les possibilités pour les amateurs de laine, en offrant des textures, des résistances et des qualités uniques. Que ce soit pour des projets doux, robustes ou traditionnels, chaque toison apporte une identité et un caractère propres aux vêtements et accessoires.

Mon coup de coeur
Laine des Iles : une mercerie qui fournit en France des écheveaux de grande qualité provenant de Grande-Bretagne et autres îles d'Europe ou des Malouines. 

Les autres fibres animales

D’autres animaux produisent des fibres similaires à la laine de mouton, mais avec des particularités :

• Mohair : provient de la chèvre angora. Moins élastique, mais particulièrement soyeux et brillant.
• Cachemire : produit par la chèvre cachemire, cette fibre est extrêmement douce et chaude, mais aussi délicate.
• Alpaga : fibre issue de l'alpaga, le cousin du lama. Elle est incroyablement douce et hypoallergénique. Sa production est limitée en France. Ainsi, si tu cherches une laine d'alpaga éthique et sourcée, je ne peux que te conseiller Une Maille à la Fois.
• Yak : une fibre provenant du yak, souvent utilisée pour des vêtements très chauds.
• Angora : obtenue du lapin angora, cette fibre est douce et légère. Je te recommande chaudement Le Terrier du Lapin Blanc, un élevage familal à la démarche entièrement éthique et responsable !

Qu'elles soient issues de moutons ou d'autres animaux, ces fibres sont également disponibles dans des mélanges, afin de bénéficier des bienfaits de chacune d'entre elles.

Pour aller plus loin

N'hésite surtout pas à lire le magnifique livre d'Alice Hammer, "French Tricot" aux éditions Eyrolles. Cette designer tricot française a poussé les portes de tous les acteurs de la laine française et le présente dans ce superbe livre, qui contient également de très jolis patrons à tricoter. Un véritable must-have dans la bibliothèque d'un.e passioné.e de tricot !

Une matière noble, responsable et pleine d'avantages

Opter pour des fibres naturelles et locales, c'est choisir une matière première issue d’un élevage responsable. La laine des moutons, valorisée via un circuit court, offre tant d'avantages qu'il m'est désormais devenu si naturel de la privilégier pour mes vêtements tricotés.

Aucun traitement chimique

Les moutons produisent une laine qui ne subit pas de traitement chimique, contrairement à la plupart des fils synthétiques. Ce processus réduit considérablement l'impact environnemental, évitant les microplastiques. En outre, la laine naturelle est biodégradable et renouvelable. Issue de productions locales, elle limite l'empreinte carbone liée au transport.

Côté teinture, il y a plusieurs possibilités :

• Les écheveaux non teints : allant du blanc au marron ou gris foncé, en passant par du beige, camel, gris clair, écru. De quoi se faire une garde-robe basique, neutre mais tellement classe !
• La teinture végétale : pour aller plus loin encore dans le désir de naturel.
• Les teintures plus traditionnelles : pour obtenir des couleurs chatoyantes, il est nécessaire de passer par la teinture type acide. C'est un traitement certes chimique, mais habituellement, les pigments choisis restent respectueux de l'environnement et de la peau.

Qualités thermiques et confort

Les fibres naturelles offrent une isolation thermique exceptionnelle. La laine est une matière chaude, mais aussi respirante. Elle régule naturellement la chaleur, évitant une transpiration excessive et bien sûr, les mauvaises odeurs. Ce qui est moins le cas des laines naturelles traitées ! En effet, ce traitement retire toutes les propriétés magiques de la laine dont l'absence d'odeurs.

Mais pourquoi les traitements chimiques sont-ils si délétères pour la laine ? C'est simple : on retire un élément essentiel, celui qui rend la laine si intéressante. Il s'agit d'une huile naturelle, la lanoline. Je t'explique ...

La lanoline : l'huile magique de la laine

L'aspect essentiel de la laine naturelle, outre sont confort et sa chaleur, est la présence de lanoline, une huile protectrice naturellement présente qui offre de nombreux avantages.

Respirabilité et thermorégulation

Il s'agit d'une sorte de cire naturelle sécrétée par les moutons pour protéger leur toison des intempéries. Elle agit comme une barrière contre l'humidité : naturellement hydrofuge, la laine résiste à l’eau sans pour autant bloquer l’air. Ainsi, les fils contenant encore leur lanoline offrent une protection contre les petites pluies ou l'humidité ambiante, tout en restant respirants et thermorégulants (pense aux pulls des marins !).

Durabilité et facilité d'entretien

La lanoline joue également un rôle clé dans la durabilité de la laine. Bien entretenus, ils peuvent durer de nombreuses années, ce qui en fait un investissement durable et économique. En préservant cette huile magique, les fils restent plus résistants et demandent moins de lavage, car la lanoline empêche aussi la saleté et les odeurs de s'incruster profondément dans les fibres. Ce qui signifie que tu pourras profiter plus longtemps de tes créations en laine tout en réduisant leur entretien !

C'est un argument important : on pense à tord que les laines traitées "superwash" sont faciles d'entretien car lavables en machine. Mais en réalité ... une laine qui ne nécessite pas de lavage, c'est encore mieux ! Et c'est vraiment le cas des laines naturelles non traitées ! Un lavage en début et fin de saison froide suffit : il suffit d'aérer son pull après l'avoir porté une journée.

Un prix accessible et un bon rapport qualité-prix

La pure laine naturelle offre un rapport qualité-prix imbattable. On peut par exemple trouver des écheveaux à 8 à 10 euros les 100 grammes ! On peut trouver des laines plus chères, cela dépend de la marque, de la teinture, de la race des moutons. Mais globalement, on peut vraiment trouver des affaires assez incroyables.

A titre d'exemple, j'ai trouvé des écheveaux chez Ardelaine (Ile de France et une point de Mérinos) à 7,50€ et chez Laines des Iles (Snaeldan, des Îles Féroé et Malouines) à 10,95€ pour la non teinte, et 5,50€ les 50 grammes pour la laine teinte. De quoi tricoter un pull pour moins de 50 euros !

Un fil gonflant

J'ai remarqué que ces fils avaient une tendance à être bien gonflants : les écheveaux de 100 grammes sont parfois assez gros ! Ainsi, il m'est arrivé de tricoter un fil d'épaisseur fingering (400 mètres pour 100 grammes) avec un échantillon de 21 mailles pour 10 cm, soit correspondant à un fil sport ou DK. C'est plutôt intéressant et ça contribue à son très bon rapport qualité-prix.

Engagement éthique et éco-responsable

En choisissant des fibres naturelles, tu soutiens également un modèle économique responsable. De nombreuses marques privilégient des circuits courts, avec des laines fabriquées en France ou issues de petits élevages, quand ce n'est pas TOUTE la chaîne de production qui est maîtrisée, en privilégiant des races de moutons de la région, plus adaptées au climat local.

Un fil sec, mais pas piquant

Avantage ou non, selon ta sensibilité ... La pure laine locale n'est pas la plus douce. Son toucher est sec mais pas vraiment piquant. Certaines peaux la supportent sans aucun souci, d'autres la trouveront bien trop sèche et préfèreront des fibres plus fines. Dans ce cas, privilégie le Mérinos d'Arles, qui reste tout de même la fibre la plus fine et donc la plus douce et agréable.

Ainsi, je t'invite à tester par toi-même. Les festivals est salons regorgent de producteurs de laine 100% naturelle. Et si tu souhaites trouver un producteur proche de chez toi, tu auras peut-être la chance d'en trouver sur l'annuaire de P&P !

Et pourquoi pas la teindre soi-même ?

C'est vrai, après tout ? Il est parfaitement envisageable de vous procurer des écheveaux de laines non teints et de laisser libre court à votre créativité en les teignant. Il existe des kits de pigments ou vous pouvez vous inspirer des conseils de Doriane Chagot Mansuy, fondatrice de la célèbre marque Maison Septembre, dans son livre paru cet automne "Teindre la laine naturellement" aux éditions Eyrolles.

Conclusion : la laine naturelle, le pari gagnant et responsable !

En somme, les fils à tricoter en laine naturelle représentent un choix judicieux pour quiconque souhaite créer des vêtements ou des accessoires les plus éthiques possibles. Non seulement cette fibre est écologique, mais elle est aussi incroyablement durable et facile à tricoter, tout en conservant sa chaleur et ses propriétés thermiques naturelles. La laine cardée, non traitée et issue d’un élevage respectueux, offre un gonflant naturelle qui donne aux vêtements une légèreté et un confort incomparables. De plus, elle ne nécessite que peu d’entretien—un simple lavage à la main suffit—ce qui en fait une matière idéale pour les projets d’hiver. C'est également une démarche éco-responsable qui contribue à la valorisation d'un savoir-faire ancestral, d'une matière première transformée localement et d'un patrimoine agricole.

Alors, pour ton prochain projet, pourquoi ne pas choisir une belle laine naturelle, issue d'un élevage responsable ? J'espère t'avoir convaincu·e !