30
June
2024
Il suffit de quelques pas dans le monde du tricot pour les rencontrer : les écheveaux. Ces boudins de fibre tordus sont attirants, rebondis, se déclinent en de multiples matières animales ou végétales et se trouvent aussi bien dans les merceries que dans les salons et festivals. Différents des pelotes, ils représentent souvent une étape dans la vie de la tricoteuse. Aujourd’hui, je vous emmène dans l’univers des écheveaux et vous dis tout sur leur utilisation, leur tricot et leur entretien.
Pour commencer, tranchons rapidement cette épineuse question : C’est quoi le mieux : pelote ou écheveau ? Les deux, mon capitaine ! En effet, que vous soyez plutôt team “pelote” ou team “écheveau”, les deux ont leurs avantages.
On la trouve facilement dans toutes les merceries et même dans les magasins qui ne sont pas spécialisés. De toutes les couleurs, de toutes les compositions, la pelote est incontestablement la version grand public du fil à tricoter. Quel que soit votre budget ou votre localisation, vous trouverez forcément une pelote à votre goût. Généralement conditionnée par tranches de 50 grammes (25 pour les fils plus fin type lace), la pelote présente l’avantage d’être prête à l’emploi ! Une fois achetée, vous pouvez commencer à l’utiliser dès la sortie du magasin, ce qui ne sera pas le cas d’un écheveau. De plus, de par leur production industrielle, vous ne devriez pas trop avoir de problème de différence de couleur entre des pelotes/des bains même s’il faut tout de même privilégier l’achat de la quantité suffisante de laine lors de l’achat. En revanche, son conditionnement plus léger demandera de changer de fil plus souvent qu’un écheveau. On m’a souvent dit qu’acheter des pelotes est moins onéreux qu’acheter des écheveaux mais cela dépend surtout du type de fibre et de sa qualité. A poids égal, une pelote ne coûte pas forcément moins cher qu’un écheveau, n’hésitez pas à ramener le prix aux 100 grammes !
Quand je dis “durable”, c’est bien parce que vous allez tricoter plus longtemps sans changer de fil, comme expliqué ci-dessus. Mais oui, bien souvent, tricoter avec un écheveau vous épargnera quelques fils supplémentaires à rentrer. Qui aime rentrer des dizaines de fil ? Les écheveaux sont souvent teints artisanalement. Quelques marques en proposent d’une manière un peu plus industrielle mais il est fort probable, si vous en achetez en salon par exemple, qu’ils aient été teints à la main artisanalement par un ou une teinturière. Son conditionnement oblige à le mettre en bobine (on parle aussi de “cake”) avant de le tricoter, sans quoi vous allez vite emmêler le fil et tout ne sera qu’enfer et damnation… mais une fois bobiné, à vous les jolies couleurs et le temps de tricot plus long. En effet, contrairement aux pelotes industrielles, les écheveaux teints à la main offrent une gamme de couleurs plus large et avec plus de fantaisies (speckles, zones colorées, nuances…). Vous trouverez forcément de quoi vous faire plaisir.
Bobiner un écheveau peut être une activité très satisfaisante ou au contraire très frustrante. Pour éviter de tomber dans l’enfer du fil qui s’emmêle, je vous conseille de vous équiper un minimum.
Dans l’idéal, vous aurez besoin de trois choses (pas obligatoire, car on peut le faire à la main, mais qu’est-ce que c’est long !) :
Pour ma part, voici mon matériel :
J’ai choisi un dévidoir en bois sur socle car il est plus facile à ranger et à utiliser dans mon petit espace. Je peux le poser n’importe où contrairement aux bobinoirs qui nécessitent d’être calés au bord d’une table. Néanmoins, il coûte un peu plus cher. Je l’ai acheté en ligne chez Rascol pour environ 40€.
Mon bobinoir est en plastique car plus facile à utiliser que ceux en bois et également moins cher. C’est ce dont je me suis équipée en premier lorsque j’ai voulu bobiner mes premiers écheveaux. Je n’ai eu mon dévidoir que bien après. Vous trouverez des bobinoirs un peu partout pour environ 10 à 20€.
Astuce : Pensez aux sites de vente d’occasion type Vinted ou Le Bon Coin pour vous procurer votre matériel. Quand on débute, nulle besoin d’investir de grosses sommes !
Commencez par défaire votre écheveau et placez le autour de votre parapluie en remontant la pièce nécessaire à tendre le fil. Si vous n’avez pas de parapluie, vous pouvez utiliser deux chaises mises dos à dos que vous viendrez éloigner pour bien tendre votre fil. C’est ainsi que j’ai procédé pendant quelques années avant d’avoir un bobinoir. D’autres tricoteuses utilisent aussi les bras tendus d’une tierce personne pour enrouler le fil autour. Version musclée mais qui fonctionne aussi. Peu importe votre façon de faire, l’important est que l’écheveau soit bien tendu.
Coupez les fils qui retiennent votre écheveau. Hé oui, c’est l’astuce des teinturières pour éviter que le fil ne s’emmêle et sécuriser la longue bobine de fil ! Vous allez voir que l’écheveau est retenu à plusieurs endroits par du fil. Leur nombre varie en fonction des teinturières. Assurez vous qu’il s’agit bien d’un fil de retenue et coupez le. L’un d’eux sera le fil de début et de fin de votre écheveau (lorsque vous avez 4 fils noués ensemble).
Placez le début du fil dans la fente de votre bobinoir en passant par la boucle métallique. Il vous faudra faire passer le fil dans la boucle métallique de votre bobinoir, comme sur la photo, ce qui évitera que le fil parte dans tous les sens et rende compliqué la mise en cake. Assurez-vous que votre fil soit bien tendu entre le bobinoir et votre parapluie (ou ce que vous utilisez comme tel) :
Tournez la manivelle pour bobiner le fil. Si vous avez un parapluie, cela devrait aller tout seul. Si vous utilisez autre chose (comme les chaises) il vous faudra sans doute faire un peu de gymnastique pour fluidifier le déroulage du fil. Ce n’est pas une course donc prenez le temps de bien bobiner votre fil. N’allez pas trop vite, au risque de tout emmêler.
Une fois tout l’écheveau bobiné, enlevez le du support. Pour cela, faites-le glisser de bas en haut et le tour est joué !
Félicitations ! Vous avez bobiné votre premier écheveau ! Facile, non ? Vous avez bien mérité de tricoter cette beauté.
Astuce : Si vous avez l’impression que le bobinage se passe mal, c’est probablement que vous avez affaire à un écheveau fougueux. On vous dit tout sur comment le dompter dans cet article.
Si vous vous demandez que faire avec votre premier écheveau, Noémie vous a concocté sur instagram un super article avec plein d’idées de réalisations à faire avec un écheveau.
Quoi qu’il en soit, si votre écheveau est un écheveau de calibre fingering (environ 400m/100gr), vous pourrez réaliser de nombreux ouvrages comme un bonnet, des mitaines, un chèche ou une paire de chaussettes.
Qu’il soit de teinturière ou non, je conseille toujours de laver les écheveaux à la main. C’est la meilleure façon d’éviter les mauvaises surprises, surtout si vous n’êtes pas expert.e en fibre superwash/non superwash. Ainsi, quelle que soit la composition, le lavage à la main fonctionne toujours !
Voici quelques étapes pour le laver (c’est facultatif bien sûr, mais ces conseils peuvent vous éviter les risques de dégorgement des pigments !).
Astuce : Pour éviter que les teintures dégorgent, ajoutez un bouchon de vinaigre blanc dans votre bassine. Le pH acide de l’eau aidera les pigments à se fixer aux fibres au lieu d’être relâchés dans l’eau.
Désormais vous savez tout ce qu’il faut savoir pour bobiner, utiliser et faire durer votre premier écheveau. Alors … après avoir lu tout ça, êtes vous plutôt pelote ou écheveau ? Quoi qu’il en soit, je vous souhaite un bon tricot !