15
January
2024
Dans notre rubrique « Courrier des lecteur·rice·s », nous recevons des courriers de nombreux·se·s tricoteur·se·s qui nous racontent leur rapport avec le tricot. Aujourd'hui, découvrez des témoignages qui abordent le bien-être et autres bienfaits de cette pratique. Créativité, apaisement, accomplissement, prise de confiance ... Le tricot est un véritable remède qui devrait être remboursé par la sécurité sociale ! En voici la preuve ...
"J’ai commencé le tricot à 4 ou 5 ans. Née avec une double cardiopathie, je n’étais pas de ces enfants qui couraient dans le jardin. J’étais calme et tranquille (pour conserver mon énergie) et je regardais l’épouse de mon grand-père tricoter à côté du poêle. J’ignore comment c’est arrivé: est-ce moi qui ai demandé ou elle qui m’a proposé de m’apprendre le tricot ? Mais j’ai appris. J’ai commencé une écharpe pour mon grand-père (en jersey endroit, aiguilles droites, blanche et rose fuchsia). Je n’ai jamais fini cette écharpe… Je demandais à cette prof de lire les ouvrages Phildar afin de réaliser des peluches et des layettes pour les naissances de l’entourage. Je sais qu’à mes 7 ans, j’ai réalisé un manteau (âge 12 mois) avec mon premier et dernier jacquard. Comme je n’avais pas de matériel, je devais emprunter le sien. C’est sans doute pour cela que j’ai cessé le tricot durant mon adolescence (au profit de la broderie et de la couture).
Après mon bac, je suis allée faire mes études sur Nancy. Des études « dans la mode ». J’ai donc été une grande cliente de Mondial Tissus. C’est ainsi que j’ai découvert un livre pour faire des oursons en tricot. Naturellement, je me suis dirigée vers une boutique de fil pour acquérir du matériel et surtout d’autres instructions plus faciles afin de reprendre le tricot petit à petit. C’est ainsi que j’ai réalisé mon premier poncho, moi toute seule avec mon propre matériel. J’ai continué avec un pull, et surtout une écharpe à torsades et côtes perlées pour l’offrir à mon grand-père (gris anthracite cette fois). Enfin, je me suis dirigée vers les oursons en tricot qui se réalisaient avec 4 ou 5 aiguilles. Une grande nouveauté mais surtout une nouvelle passion le tricot « en rond ».
Depuis je n’ai jamais cessé, malgré mes études, mon travail et les aléas de la vie. Je réalise des ouvrages-cadeau pour mes amis. J’ai surtout sans cesse un tricot dans la main que ce soit pour les trajets en bus, les salles d’attente ou les ballades au parc. Une vrai drogue.
Le tricot a également été d’une grande aide lors de mes convalescences ou dépression.
1. Il réchauffe lorsque l’on a les pelotes ou même l’ouvrage sur les genoux.
2. Il occupe l’esprit au moment d’être fait. Une forme de méditation ou « d’appât » qui éloigne les pensées et le futur incertain et douloureux.
3. De jour en jour, on voit qu’il avance et on se gratifie de cette nouvelle journée à tricoter et pas sombrer davantage. C’est comme cocher les cases d’un calendrier avant une date importante.
4. Faire les choses soi-même, de ses mains, n’est-ce pas très gratifiant ?
Il y a une dizaine d’années, j’ai moi-même appris à tricoter à une amie que l’on peut qualifier de difficile. Mais elle a réussi à apprendre et aujourd’hui elle tricote elle-même des ouvrages sans besoin de mon aide. Ça aussi, cela gratifie le cœur d’avoir réussi à transmettre une passion et de voir la personne voler de ses propres ailes.
Aujourd’hui, je suis officiellement une créatrice et artisane du fil. Ma nouvelle gratification fut de découvrir les versions des testeur·euse·s de mon tout premier patron (le trio de douche). J’avoue avoir été émue de voir cette création réalisée par d’autres. Ce qui me réchauffe le cœur - et surtout confirme que je suis à la bonne place - c’est la reconnaissance de mes paires vis-à-vis de mes créations et réalisations. Elle concerne la rapidité d’exécution, la régularité de mon point (que l’on confond avec un point machine), alors que je suis malvoyante. C’est une forme de dépassement du handicap et une preuve que tout est possible. 😉
Merci Noémie de nous avoir donné la parole. J’espère que mon témoignage ne fut pas trop long. Mais surtout qu’il pourra donner espoir, force et courage à ceux qui en ont besoin. Merci de m’avoir lue.
"J'ai la chance d'avoir des copines de tricot avec qui je partage ma passion. Je tricote tous les jours ou presque. J'aime produire quelque chose. Je suis plutôt une process knitter. Le tricot est mon yoga, ma méditation, mon moment à moi. Quand je tricote je ne pers jamais mon temps. Ça me permet de rentabiliser tous les moments où j'attends dans la voiture pendant les cours de musique ou séances de sport de ma fille. Je tricote pour moi et mes proches. Ils attendent leur paire de chaussettes à Noël ! Ma fille me commande régulièrement des pulls à lui tricoter. "
"Le tricot m apporte de l'apaisement, auparavant j'étais plutôt couture mais trop de temps à installé le tricot tu l'emmènes partout et dès que tu as 5 minutes, tu peux débuter, avancer ou terminer un projet. J'aime tricoter pour moi contrairement à la couture que je faisais pour offrir, le tricot étant plus long j'aime garder mes ouvrages (j'en offre quand même quelques uns, des chaussettes et châles principalement). Je n'ai personne dans mon entourage avec qui partager ma passion, et n'étant pas trop sur la toile c'est difficile de faire des connaissances, en tout cas cette activité est devenue une vraie addiction."
"Merci Noémie de donner la parole à tes lectrices. Je voulais aborder un aspect extraordinaire des loisirs créatifs donc le tricot : c'est de me confronter aux difficultés d'apprentissage (je suis professeur en lycée) et de ressentir l'inquiétude (avant un projet), faire, défaire, l'erreur, les doutes, le découragement, le bonheur d avoir réussi... bref, ne pas oublier l'essentiel. L'apprentissage est un processus long, parfois difficile mais tellement riche. Le second point est celui de la créativité. Depuis que je tricote, j'ai plus de créativité professionnelle... alors qu'il n y a aucun lien avec ce que j'enseigne ! Le résultat est pourtant là, j'ai plus d'imagination, d'idées. Très belle journée."